Dieux et démons prennent vie dans une atmosphère mystique (photos Perrine Roux)
Le musée Jacquemart-André à Paris accueille une centaine de masques anciens chinois utilisés pour les rituels du Nuo. Cette tradition plusieurs fois millénaire, signifie l’expulsion du démon.
Le Nuo a beaucoup évolué à travers l’histoire, pour devenir aujourd’hui un théâtre d’exorcisme. Les hommes se parent de masques représentant divinités et démons, mettant en scène l’épopée des Dieux contre les démons pour les chasser. Selon les Chinois, démons et fantômes sont la cause des maladies et autres fléaux.
Durant la révolution culturelle chinoise, une grande partie de ces objets a été détruite, car considérée comme religieuse. La reconnaissance officielle s’est faite attendre jusque dans les années 80. Aujourd’hui ce patrimoine culturel est protégé par le gouvernement chinois et l’UNESCO.
Exposés pour la première fois en France, les masques de Nuo font l’objet d’une scénographie originale et exceptionnelle au musée Jacquemart-André jusqu'au 26 août.
Six salles sont dédiées à ces rituels ancestraux. Au fil des pièces, on apprend que ces masques, à l’origine objets utilitaires des rites de sorcellerie, évoluent vers une forme d’expression artistique au travers du théâtre de Nuo.
Voyage mystique à la rencontre de la Chine
Après un couloir sombre, éclairé par un seul lampion chinois, on pénètre dans des salles au décor très étudié. Tantôt noire, puis orange et bleue, la couleur des murs crée une atmosphère propice au voyage dans le temps et l’espace, et à la découverte spirituelle. Les masques, aux traits étudiés et féroces, baignent dans un rayon de lumière.
Leur destination divine ou démoniaque originelle n’en n’est que plus évidente. On se laisse transporter à l’origine de ces coutumes dans l’Antiquité, voire même avant selon les experts. Les masques représentaient alors des animaux. Sculptés dans le bois (saule, peuplier ou camphrier), ils datent pour les plus vieux du XVIIème siècle.
Dans une salle à l’ambiance prenante, on découvre l’empreinte laissée par le taoïsme dans le panthéon des divinités. Puis, c’est l’influence Ming qui est exposée, avec l’arrivée de personnages à traits humains, et l’apparition du théâtre de Nuo. Ensuite, le visiteur découvre d’étranges poupées, utilisée dans les rituels de fertilité. C’est une salle orange, couleur des robes des moines bouddhistes, qui expose l’influence de cette religion. De nouveaux personnages s’intègrent au Nuo, comme un bonze ou le juge Bao. Les masques ont alors une expression moins féroce qu’à l’origine.
Enfin, la dernière salle est consacrée à la théâtralisation de Nuo, avec la naissance du théâtre d’exorcisme, encore vivant dans certaines régions de Chine aujourd’hui. Pour renforcer l’aspect pédagogique, des extraits du film La capture du petit démon sont projetés. Ils nous permettent de voir une cérémonie de Nuo comme on la pratique aujourd’hui.
Un voyage envoûtant, au milieu des dieux et démons de la culture chinoise.
Perrine Roux. (www.lepetitjournal.com) jeudi 31 mai 2007
Musée Jacquemart-André
158 boulevard Haussmann 75008 Paris
Tél : 01 45 62 11 59
http://www.musee-jacquemart-andre.com