Santé- L’industrie meurtrière du médicament contrefait
Grippe, rhume, bobos, ou maladies plus graves, nous avons tous recours aux médicaments. Mais, le marché pharmaceutique est envahi depuis quelques années par des contrefaçons. Aucune partie du globe n’est épargnée par le fléau des faux remèdes.
L’industrie du médicament contrefait sème la mort aux quatre coins du monde (photo : Perrine Roux)
L’industrie de la contrefaçon pharmaceutique est en plein essor. Selon une étude de la Food and Drug administration (FDA) américaine, près d’un médicament sur dix serait un faux, soit 10 % du marché mondial. Ce chiffre représenterait environ 32 milliards de dollars de bénéfice par an. Tous les médicaments y passent, de la pommade, au collyre, en passant par des antihistaminiques, ou même des médicaments contre le paludisme, ou des traitements contre la tuberculose, produits de marques, comme les génériques. Hommes, femmes, et enfants, personnes n’est épargné par cette industrie meurtrière.
Selon l’OMS, un médicament contrefait, est un produit « dont la composition et les principes actifs ne répondent pas aux normes scientifiques. Il est, par conséquent, inefficace et souvent dangereux pour le patient ». Il existe plusieurs types de contrefaçons en matière de médicaments. Tout d’abord, ceux qui contiennent les principes actifs des vrais médicaments, mais qui comportent des défauts d’emballages, voire aucun emballage du tout. Le conditionnement est essentiel, il donne la composition, les indications, mais aussi protège les produits du soleil, de l’humidité, et permet donc une meilleure conservation. Mais un médicament contrefait peut aussi renfermer les bons principes actifs an quantité insuffisante, ou encore les mauvais principes actifs, voire aucun. Dans ce dernier cas il s’agit d’une sorte de placebo, caché sous le nom d’un vrai médicament.
Des victimes partout dans le monde
La contrefaçon est une industrie très lucrative, qui ne demande que très peu de moyens. Il suffit souvent d’un entrepôt désaffecté ou d’une simple arrière boutique pour se lancer dans la fabrication de ces médicaments. Ce commerce est d’ailleurs 25 fois plus rentable que celui de la cocaïne et 5 fois plus que celui des cigarettes. Aucune partie du monde n’est épargnée par ce fléau. L’OMS estime qu’environ 40% des médicaments contrefaits sont écoulés dans les pays riches. Ce chiffre est dû à l’utilisation d’Internet, qui a permis aux contrebandiers d’écouler leur marchandise, comme les corticoïdes, ou encore le Viagra. 60% de ces médicaments sont donc écoulés dans les pays pauvres. Les experts estiment d’ailleurs qu’au moins la moitié des remèdes consommés dans ces pays sont des contrefaçons. L’Asie et l’Afrique sont les plus touchées. Depuis 2001, les médicaments contrefaits ont fait environ 400 000 morts en Chine, 30 morts au Cambodge en 1999, ou encore 2 500 au Niger en 1995. 900 000 de ces produits ont été saisis dans l’Union européenne en 2004. Tout cela n’est que la partie émergée de l’iceberg. Et ce marché juteux est loin d’être sur la pente descendante. La contrebande de ces médicaments devrait encore s’accroître avec la mondialisation et les nouvelles technologies de communication. Glaçant !
Perrine Roux