Interpeler, sensibiliser et lutter contre les préjugés ethno-raciaux dans la société française, tel est le dessein des Indivisibles. Ce groupe de militants usent à bon escient de l'ironie pour tourner en dérision certaines situations du quotidien. Ekilafrica a rencontré la présidente de l'association, Rokhaya Diallo.
Comment votre association a-t-elle vu le jour ?
Au départ, l'initiative vient de ma part. La question de la représentation attachée à l'identité française me préoccupait depuis longtemps. Avec mon entourage, nous réagissions beaucoup sur ce que nous pouvions voir, notamment à la télévision. Mais c'est un reportage sur Arte qui a été le déclic. Une chanteuse allemande parlait de son association dont l'action était de lutter contre les préjugés raciaux. Je suis alors entrée en contact avec cette femme. Et de là, une évidence s'est imposée : la création d'une association. Milieu 2006, nous avons commencé à nous réunir. Puis, pendant six mois, nous avons défini notre charte et notre action. En janvier 2007, Les Indivisibles ont vu le jour.
Quel message voulez-vous faire passer ?
À travers l'association, nous voulons faire passer deux types de messages. Premièrement, qu'aujourd'hui, on peut être Français est avoir un nom qui vient d'ailleurs, un faciès différent, une appartenance religieuse visible. Quand on est Français, cela ne se voit pas forcément. Deuxièmement, nous voulons dénoncer la banalisation des propos sur le sujet, notamment dans les médias. C'est pourquoi nous avons mis en place un système de vigilance, sans jamais nous départir de notre humour. Faire évoluer les mentalités, susciter le débat, sans nullement avoir une démarche moraliste, voilà la raison d'être de notre groupe.
Quelles sont vos actions ?
Tout d'abord, nous avons mis en place un système de veille médiatique pour réagir à l'actualité. Une tribune régulière nous est même offerte dans Respect Magazine. Notre objectif est d'épingler les propos de personnes publiques, en particulier les hommes politiques, qui « dérapent ». Cette action a été concrétisée par l'organisation des Y'A Bon Awards 2009, un best of de ses dérapages. Nous faisons également des créations originales visant à lutter contre le racisme. Il s'agit de mini-scènes sur un ton humoristique, en partenariat avec des médias, par exemple la chaîne musicale MTV. Les internautes peuvent aussi faire des tests sur notre site Internet. Le but est de donner une visibilité à nos actions.
Ces différents outils sont mis à disposition des écoles, des médiathèques, des maisons des jeunes et de la culture (MJC) et de tous ceux qui nous sollicitent. Nous les utilisons également lors de nos interventions avec les jeunes. Dans le futur, nous voudrions étendre ce travail à un public adulte et aux seniors. Des membres sont, par ailleurs, présents sur des festivals pour parler de notre association. Un stand doit ainsi être tenu aux Solidays, du 26 au 28 juin prochain, à Paris.
Quels sont les projets futurs des Indivisibles ?
Nous préparons une action à destination des parlementaires. Lancée dans les 15 jours, celle-ci vise à les interpeller sur la situation et à lancer le dialogue. Pour cela, nous allons leur envoyer un courrier dans lequel nous présentons l'action de l'association et les résultats des Y'A Bon Awards. Les députés sont alors invités à signer notre charte. Par ailleurs, nous souhaitons développer le système de veille des médias et de l'actualité afin de balayer un champ plus vaste. De plus, nous espérons trouver plus de moyens pour organiser une nouvelle édition des Y'A Bon Awards et faire cela encore mieux.
Comment les lecteurs d'Ekilafrica peuvent-ils entrer en contact avec l'association ?
Tout le monde peut se rendre sur notre site Internet où un bulletin d'adhésion peut être téléchargé. Il est également possible de venir participer à une de nos réunions pour voir le travail effectué par l'association. Il suffit d'en faire la demande sur notre site. Nous sommes aussi bien ouverts aux propositions des nouveaux adhérents que à celles des sympathisants.
Propos recueillis par Sahra Saoudi
Publié dans Ekilafrica
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